En finir avec les rock stars

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En finir avec les rock stars : comment faire cesser les agressions dans nos communautés

Note de Traduction : Cet article a été écrit (en anglais) collectivement et publié le 21 juin 2016 par Leigh Honeywell, Mary Gardiner et Valerie Aurora. Elles ont aimablement donné l’autorisation de publier cette traduction. Ce texte n’est pas sous licence libre.

[Avertissement sur le contenu : Agression et violence sexuelle]

Ces deux dernières semaines [ndt : été 2016], trois membres respecté·e·s des communautés de la sécurité informatique et de la défense de la vie privée sont sorti·e·s de l’anonymat pour témoigner des comportements sexuels inappropriés, du harcèlement et des abus commis par Jacob Appelbaum. Elles ont agi en solidarité avec les premiers témoignages anonymes dénonçant les abus de celui-ci. Plusieurs organisations ont pris le parti de protéger leurs membres d’Appelbaum, dont le projet Tor, Debian, le hackerspace Noisebridge, entre autres.

Appelbaum n’est pas le dernier — ou le seul — agresseur dans ces milieux. De nombreuses personnes appellent à trouver des solutions à long terme pour arrêter et empêcher des abus similaires. Les autrices de cet article ont des recommandations, basées sur plus de 40 ans d’expérience cumulée dans la gestion de communautés de la sécurité informatique, des hackerspaces, du logiciel libre ou open source et des associations à but non-lucratif. En six mots, notre recommandation est :

En finir avec les rock stars.

Lire la suite de l’article sur ici.

Lire l’article dans sa version originale en anglais : « No more rock stars: how to stop abuse in tech communities »

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Pot-pourri

Avec toute la déferlante #MeToo depuis un peu plus d’un an, je me suis demandée si j’allais pas exhumer certaines perles parmi les mails et commentaires que j’ai reçus il y a 10 ans, façon #PayeTonPunk

Les textes, tweets, post, articles d’agresseurs inconnus ou célèbres et de leurs fan-club de 2017-2018 ressemblent tellement aux monceaux d’inepties qui m’ont été envoyés en 2008-2009 (et parfois plus tard) par des gens qui se croyaient au summum de la rébellitude et de l’underground.

Ça me ferait bien rigoler de coller un peu larchuma à tout un tas nazes pseudo-alterno, mais je me dis qu’en 10 ans, ils et elles ont peut-être un peu évolué? Que même s’ils-elles ne se sont pas platement excusé-e-s de leurs menaces, leur condescendance, leurs discours pro-viol, leurs messages d’insultes, leur grossièreté, leur absence d’empathie, ils-elles ont du changer.

J’espère surtout que les quelques meufs qui ont hurlé avec les loups en banalisant le viol que je racontais ont cessé de trainer avec les connards à qui elles séchaient les male tears, et ont trouvé des copines féministes solidaires et courageuses. J’espère qu’elles ont réalisé que minimiser les violences sexuelles pour les autres c’était peut-être minimiser celles qu’elles avaient subies… et que si le déni est une stratégie de survie individuelle sur le moment, à long terme elle nous abîme toutes.

Combien d’années, de semaines, de secondes ça prend d’imaginer être un jour vraiment réparées ?


un peu d’humour féministe scato ça remonte toujours le moral
(faut activer les sous-titres si on comprend pas le castillan)

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Balayons devant nos portes

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Vous pensiez vous rabattre sur le ladyfest au cirque électrique? Sachez qu’une des organisatrices a activement soutenu un violeur.

Les agresseurs et leurs soutiens sont dans tous les espaces que nous fréquentons : plus de 80% des agresseurs sexuels sont des gens que nous connaissons, majoritairement des hommes. Les milieux d’extrême gauche et alterno n’échappent pas à la règle.

Plutôt que de pondre des pages et des pages de « rapport » quand est ce que les collectifs, quels qu’ils soient, vont mettre en place activement de la prévention? Quand est ce que les militant-e-s vont faire une priorité de se former à l’accueil des victimes?

C’est bizarre mais une des bases de l’engagement politique c’est de reconnaître qu’on vit dans une société violente et inégalitaire mais en attendant on ne fait rien de rien pour prendre en charge les victimes directes de ces violences. Et on met des bâtons dans les roues de toutes celles qui se retroussent les manches.

Et arrêtons de réinventer l’eau chaude à chaque nouvelle « affaire »! ça fait 10 ans que ce blog existe, et bien plus que de nombreuses camarades féministes rendent accessibles leurs réflexions et expériences sur la prévention et la gestion collective des violences sexistes et sexuelles dans les milieux militants.

Solidarité anarkaféministe.

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Éducation populaire et féminisme

Éducation populaire et féminisme. Récits d’un combat (trop) ordinaire. Analyses et stratégies pour l’égalité – La Grenaille 2016.

3 ans de gestation, 11 rédactrices… La voilà enfin : notre « brochure-livre »

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Cet ouvrage est le fruit d’un travail mené par onze femmes pendant plus de trois années au sein du réseau d’éducation populaire la Grenaille. C’est suite à une agression sexuelle que nous avons collectivement pris conscience de l’ampleur de l’oppression patriarcale au sein même de nos organisations de travail. Nous avons souhaité publié cet ouvrage pour agir vers plus d’égalité. Il relate à la fois l’expérience vécu au sein de l’environnement de la Grenaille mais apporte aussi des témoignages d’autres structures. Par ailleurs, vous trouverez à la fois une vulgarisation des théories féministes et des apports méthodologiques permettant de mettre au travail les rapports sociaux de sexe au sein d’un groupe.

Alexia M., Emilie Viard, Marie C., Diane K., Annaïg Mesnil, Natacha R., Katia Storaï, Cécilia G., Mélo P.G., Tiffanie D., Audrey P.

Contact pour joindre le collectif de femmes: educationpopulairefeministe@gmail.com

Pour commander le livre-brochure, c’est par là (il coûte 15€)

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El Tornillo : micro espacio feminista en la red

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Partage : Pour en finir avec le mot « racialisateur »

[extrait]

De fait, cette idée n’est pas neuve, les féministes en font déjà les frais depuis longtemps avec l’appellation féminazies. On connaissait aussi les enfants- tyrans, terme qui désigne les enfants (c’est-à-dire sûrement une des catégories socialement les plus opprimée) qui ne supportent pas d’être assis sur des chaises 8 heures par jour pendant 18 ans… quelle bande de petits Hitler en culottes-courtes, en effet.
On peut décliner le concept autant de fois qu’il existe de formes d’oppressions : racialisateurs, féminazies, enfants- tyrans, homofascistes, transdictateurs, une vraie ligue de super- vilains post- modernistes.
Rien de neuf dans ce genre de réactions cela- dit : la situation de domination étant la norme, la rébellion est toujours vécue par les dominants comme une insupportable violence, une injustice qui leur est faite.

[pour lire l’article en entier, on peut aller par là]

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Contracomunicado: Grupos y colectivas en contra del machismo en los espacios liberados

trouvé sur le site de la revue Pikara (publiée dans l’état espagnol)

Frente a este comunicado las feministas respondemos.

Debido a los acontecimientos que se están produciendo en los CSO desde hace algún tiempo nos vemos obligadxs por principios a redactar este texto informativo. Estamos cansadxs ya de condescendencia sexista, complicidad y discursos heteropatriarcales. Creemos que los feminismos son pilar fundamental sobre el que cimentar lo común, lo político y lo cotidiano en los centros sociales, y que el machismo es más que el ego de un grupo de personas que se niegan a reconocer sus dinámicas y discursos machirulos, sino un sistema estructural al que cuestionar, analizar y dinamitar día a día. Estos hechos no hacen más que confundir a la gente y le hace un flaco favor al mundo del punk, hardcore y a la música vinculada a los movimientos sociales. Vamos a hablar claro: Creemos que los CSOAs, asambleas, colectivas, grupos y compañerxs deben posicionarse ante la violencia generizada ejercida desde miles de frentes posibles, y eso también pasa por denunciar y socializar para su conocimiento colectivo y escarnio público a grupos anarkopunkarras como Penetrazión Sorpressa.

Datos objetivos:

-Se denuncia a Penetrazion Sorpressa por considerarlos un grupo machista y se intenta boicotear sus conciertos. Lejos de ser autocríticos, agachar la cabeza, reconocer la reproducción de violencias contra las mujeres que sus letras, además, vacías de contenido, profieren, se enaltecen, buscan apoyos y ridiculizan, deslegitiman e insultan al movimiento feminista y a las compañeras que se atreven a dar la cara acusándolas de hembristas y feminazis. -Qué miedo-.

-Penetrazion Sorpressa se declara abiertamente anti-machista aunque el nombre de su grupo alude directamente a una violación, y anti-sexista, aunque tenga canciones tituladas “La puta de tu hermana” o “Zorra Cadáver”, y acude a varias asambleas, muy cabreados todos y muy gallitos, para explicar sus letras. En estas asambleas, vuelven a olvidarse de la autocrítica y no salen muy bien parados teniendo que explicar su preciosa lírica:

“Una vieja prostituta fue arrojada a la cuneta […] ¡Zorra Cadaver! Al instante mi polla de su boca saqué, y de un golpe seco la aparté. […] Al poco tiempo, volví a enterrarla, así nunca más podría mamarla”

También realizan un comunicado donde dejan claro que son un grupo irónico. Vamos, que lo de las putas, las zorras, las volaciones y el cómeme la polla es BROMITA.

-Ante esta falta de visión feminista y ese descaro machirulo que no pide disculpas, no se retracta ni se repliega, se hace caso omiso a los intentos de conciliación y se sigue con la propaganda punkachirula por redes sociales y en espacios afines acusando a las compañeras que les denuncian y les boicotean, de exageradas, histéricas y locas.

Quien que quiera entender que entienda. Cada unx que saque sus propias conclusiones.

Nosotrxs entendemos la música como un medio de expresión. Por eso mismo, como sabemos que es un producto cultural que genera realidades, opiniones e imaginarios, porque estamos cansadas del buenismo y de la reproducción de dinámicas, demagogia, actitudes y comportamientos sexistas, binarios y homotransqueerfóbicos, misóginos y putafóbicos en espacios de seguridad y como entendemos que ciertas letras pueden gustar más o menos en los diferentes contextos políticos en los que nos movamos, creemos que las agresiones verbales machistas berreadas por Penetrazion Sorpressa y otros grupos similares son motivo suficiente como para llevar a cabo una persecución de este calibre. Ya sabéis: Ninguna agresión sin respuesta.

Decir cosas como que “a quien no le guste que no acuda al concierto”, es como decir que si no te gusta que le peguen a una mujer en la calle, cambies tu camino. Es emplear el cinismo machote más ruin, porque las compañeras feministas arman, nutren, cuidan, protegen día a día espacios de seguridad para ellas y para todes, lejos de asimetrías, binarismos y violencias machistas que no tenemos-debemos-podemos-estamos dispuestas a tolerar.

Decir que “el feminismo es la lucha del día a día por la igualdad de hombres y mujeres” es ser un antiguo y no tener ni idea de los feminismos que se mueven, remueven, conmueven, trabajan y practican en el contexto actual de los movimientos sociales anarquistas y/o radicales. Lo que creemos es que los feminismos son la lucha del día a día por dinamitar el heteropatriarcado en todas sus formas, porque las letras sexistas de un grupo de punk que hace como que milita y se filtra en CSOAs forman parte de una misma estructura heterosexista, y permitir este tipo de actuaciones y cultura machista basura en nuestros espacios mimados, liberados, hace FLACO FAVOR a conseguir una sociedad justa para todxs y llegar a erradicar el sexismo. Es una lucha en la que participamos todxs, pero que enarbolamos las mujeres, lesbianas, trans queer y otres sujetes, una lucha que nos costó mucho llevar a los Centros Sociales Autogestionados, una lucha que se ve desprestigiada por grupos anarcomachos y kostrarrulos que disfrazan sus ideas, actos y conductas bajo la bandera de la ironía, la broma, el “YO NO SOY MACHISTA”; TÍOS cuya lucha se centra en silenciar, despreciar y deslegitimar con discursos tradicionalmente machistas como la personalización, la infantilización o la patologización a las feministas que les cuestionan sus privilegios.

LO LLAMAN ANARKOPUNK Y NO LO ES.
BASTA DE CULTURA MACHISTA EN LOS ESPACIOS LIBERADOS, BASTA DE PATERNALISMO, BASTA DE BUENISMO.
AMA LA MÚSICA, ODIA EL SEXISMO EN TODAS SUS FORMAS.

Lxs que abajo firmamos estamos en contra de todo tipo de MACHISMO y nos negamos a que en ningún CSOA más toque cualqier grupo de machirulos con letras misóginas que atenten contra la integridad de las mujeres y otres sujetes no hegemóniques. Los grupos o colectivas que quieran agregarse pueden copiar el texto y sumarse contra la heteronorma:

COLECTIVOS Y GRUPOS
Tía Carmen (a confirmar) – Furia – Seres Extrañxs – Coño Bravo – MeTralla Punk – Deika – Sister Olalla – Pollacassette + Eddie Rabo – Memes Feministas – Asamblea Antipatriarcal de Málaga – Ladyfest Granada – Febrero Feminista de Zaragoza – Zorrifest Murcia – La Fondona – DILDO – D.genera – Transfeminalia – oFEMsiva PeriferikaH -Altersexual – Transfemifest Esportiu Valencia – Akelarre Zambrero – Griotte Wuornos – CSOA El Nido – Demonio Blanco de la Tetera Verde

INDIVIDUALIDADES
Yen Dolinne Kruczynski – Medea Verde Higueras – Ariadna After All – Ksar Feui – Ana Periférica – Blanqueta Blanquerrima – Sole Enfrecida – Mario Deika – Ch Guarrillerx – Perra del Mal – Begoña Gallardo – Glo Riot – Cleta Salvaoreta – Josecho Goñi Bravo – Leticia Josune Sáenz – Olga Aparicio – Silvia Garena DelacrewFighters – Aritza Etayo Zubiri – Marilou Aveladenn – Mirian Miri Mirinda – Bàrbara Ramajo Garcia – Virginia Carrión Sánchez –
Sarowsky J. Fernández Leiva – Celya Lilith – Flaca en Lavapiés – Mónica Neskita – Rebelnesk Lof – Silvia Martínez – Karolina del Sur – Patis Myth – Emilia Capiba – Ikah Balk – Frieda Frida – Zelda Johns – Patricia Martínez Redondo – Cuerpo poético – Rocío Muñoz

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8 mars 2015: Quand une gréviste de la mutinerie subit des représailles

Un texte trouvable sur le blog Soutien aux grévistes

soutienauxgrevistes

 

Quand une gréviste de la mutinerie subit des représailles

Paris, ce dimanche 8 mars 2015 autour de 00h30 au bar « Chez Marie ». Alors que se déroule la soirée organisée par le collectif féministe « 8 Mars Pour Toutes », à l’occasion de la Journée de la lutte pour les droits des femmes, à la veille de la manifestation qu’il co-organisait également, une gréviste a été agressée violemment.

L’agresseur en question s’avère être un ancien collègue, trans et rebeu,  « anti-grève » du bar « la mutinerie ». Il y a en effet été animateur d’atelier de combat et, pendant la grève, a été promu videur et serveur quand les grévistes ont, iels, été licenciéEs. Durant la grève – organisée par un groupe de serveurSEs, musulmanEs queers of color qui dénonçait les conditions d’exploitation capitalistes, racistes et sexistes en usage dans ce bar et ayant conduit à une procédure juridique aux Prud’hommes (toujours en cours) – il a fait…

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La double face du féminisme dans les milieux militants

trouvé sur un site de féministes au Québec
La double face du féminisme dans les milieux militants

Quand j’étais ado, les règles pour les femmes étaient claires pour moi, je les voyais dans les magazines. Ma vie sexuelle a commencé lorsque je venais tout juste d’avoir 14 ans avec un garçon de mon âge et elle fut totalement épanouissante. Je ne peux pas le cacher, j’étais à un point tel attiré par ce garçon que j’en oubliais mes complexes physiques. En fait, c’est ce que je croyais jusqu’à temps que je repense à cette histoire 10 ans plus tard. Je n’étais pas du tout plus à l’aise que maintenant. La différence c’est qu’adolescente, on m’avait nommée et expliqué de long en large comment je devais modeler mon corps. À 14 ans, j’avais les aisselles, les jambes et le bikini rasés de près, j’avais le poids idéal dont je me souciais beaucoup, j’avais les sourcils faits et un maquillage « naturel ». Je ne transgressais aucune norme de beauté. Donc quand j’ai eu cet amourette d’été, je me suis laissée aller sexuelle avec ce garçon parce que j’avais pris de longues heures à me préparer selon « ses » goûts.

Nous étions une cohorte de partys, toujours beaucoup d’alcool et de drogue. Quand on ne trouvait pas de maison où les parents étaient absents, on sortait dans les clubs avec nos fausses cartes. C’est là que j’ai vu pour la première fois le slutshaming… Des filles saoules qui se font agresser aux vues et au su de tout le monde pendant que leurs ami-e-s rigolent. Sans parler de la semaine suivante où tout le monde sans exception allait rappeler à la victime à coup de rire grossier l’agression qu’elle avait vécue durant la fin de semaine précédente. La jeune fille subissait ce terrible sort, jusqu’à la prochaine victime. J’avais donc développé un truc pour ne pas devenir une « fille facile ». Le soir, avant les partys où je savais que j’allais me saouler, je ne me rasais pas. C’était la seule façon pour moi de réaffirmer un « non » clair face à un garçon insistant. Je ne pouvais pas céder parce que j’avais du poil sur mon corps. J’avais trop peur que ça le dégoute… J’avais trop peur de dégouter un garçon qui tentait de profiter de moi…! J’ai fait ça pendant longtemps, jusqu’à temps que les règles changent.

Quand j’ai rejoint un milieu « alternatif », se disant anarchiste et proféministe, on m’a fait croire que toutes les règles sur la beauté féminine tombaient. Vive le poil! Vive les menstruations! Vive la diversité des corps! Fuck la pensée hétéronormative! Vive la diversité de genres! Vive la sexualité sans pénétration! Vive l’amour libre! Voilà ce que j’en ai retenu… BULLSHIT. Ma vie, l’école, mes projets et mon temps libre n’ont jamais été autant accaparés par des questionnements et des frustrations que j’ai face à mes relations intimes avec des hommes du milieu. Dans le monde où je traine, les règles ont changé mais elles ne sont pas tombées et n’en sont pas moins torturantes. Le patriarcat est présent dans le milieu mais de façon floue, de façon à ce qu’on ne puisse pas le nommer, car il sort des consignes apprises avec les magazines, les pop stars et les séries télé.

Je crois que ce flou est entretenu, car il permet un plus grand contrôle et une plus grande manœuvre de répression et d’humiliation. Quand un dude envoie chier la société en disant que les femmes aussi ont du poil et que c’est correct qu’elles ne le rasent pas, mais que dans une conversation de groupe, il se permet de dire qu’une femme sans poil c’est pas naturel sans que personne n’intervienne, j’appelle ça du contrôle. Parallèlement, si je suis en jupe dans un groupe suivant les normes d’épilation, « BAM »! D’un coup un homme décide que je ne suis pas une femme et que je ne suis qu’un produit d’une société qui me contrôle. Ce que j’essaie de dire, c’est que je ne parle rarement, sinon jamais, du poil de mes partenaires masculins. Le poil chez un homme, ce n’est pas un sujet de conversation mais chez une femme oui, et c’est ça le problème : qu’on ait encore la légitimité de juger les femmes selon leur pilosité. Encore là, il peut y avoir une gradation : pour les poils au jambes des femmes, la gente masculine anarchiste semble donner sa bénédiction mais si c’était la moustache, je doute de la réceptivité de mes compagnons.

Il n’y a pas juste la question du poil qui me turlupine, mais bien celle de l’apparence en général. Que ce soit au niveau du style vestimentaire, de notre maquillage ou de notre apparence de façon globale, nos camarades ont toujours leur mot à dire. Si une femme décide de s’habiller sexy ou de se maquiller, notre entourage a tendance à croire que c’est nécessairement pour plaire à un homme et non pas pour elle-même. À l’instant même où celle-ci apparait dans la pièce, les commentaires commencent à pleuvoir : «Voyons! T’es dont bien belle! C’est pour qui ce mascara là?», «Ayoye, c’est quoi l’idée d’être en jupe? On va juste boire au parc!», «Iiiiih, sont courts tes shorts…» pour ne nommer que quelques propos entendus. Tous ces commentaires réduisent encore les femmes à leur apparence.

Au-delà de l’apparence, il y a aussi tout ce qui entoure les relations hommes-femmes dans le milieu militant qui est problématique : les situations qui en découlent, les privilèges et les punitions. Je m’engage sur un terrain glissant. Celui du double standard pour adhérer au groupe militant. Pour les femmes, j’ai l’impression que l’adhésion au groupe se fait selon les critères physiques avant les mérites intellectuels. Si tu « date » un membre, « welcome »; si tu as « juste » passé des tracts et fait de la mobilisation, tu ne seras pas informée du party militant à moins d’être cute. Par exemple, combien de femmes présentes dans le milieu, depuis un bout de temps, ont vu débarquer en 2012 plein de nouvelles filles sans trop savoir d’où elles sortaient, sinon du lit de leurs camarades, pendant que les visages masculins restaient sensiblement les mêmes. Je ne dis absolument pas que ces nouvelles femmes n’étaient, ou ne sont pas intelligentes et fantastiques. Je dis simplement qu’il a fallu qu’elles passent par là pour avoir accès à ce cercle militant et qu’après ce moment, elles se font immanquablement appeler « la blonde de … ».

Par la suite, si elles deviennent « l’ex de … », on ne les voit presque plus. Malgré les amitiés tissées avec ces femmes, on ne les croise plus car elles ne vont plus dans les lieux où elles sont susceptibles de croiser leur ex. C’est en effet assez rare qu’une relation se finisse amicalement et c’est souvent la femme qui disparait. J’ai eu une discussion avec un homme qui me parlait qu’il était triste que son ex fréquentation ne vienne plus au café étudiant parce qu’il s’y trouvait fréquemment. Ça m’a vraiment mise en rogne lorsqu’il m’a dit ça, parce que non seulement il voyait son privilège et pouvait le nommer, mais en plus, il décidait de l’utiliser. Il ne semblait même pas se demander s’il avait pu faire quelque chose de pas correct pour que son ex se sente mal de le recroiser. Pire, il ne se posait même pas la questions s’il devait aller moins souvent au café étudiant ou simplement avertir lorsqu’il y serait.

Je crois sincèrement qu’il est possible de vivre dans des relations d’amour libre. Pour moi les relations ouvertes, qu’elles soient sexuelles ou amoureuses, nécessitent une attention particulière face aux partenaires avec qui on les vit. Par « une attention particulière » je veux dire qu’il faut apprécier la personne et vouloir son bien-être. Le problème, c’est que souvent, le consentement (lorsqu’il est respecté) ne trouve pas son chemin jusqu’au matin. Cela signifie de non seulement s’assurer que l’autre a bien vécu la relation sexuelle mais aussi de s’intéresser à ce que ce moment signifiait pour elle. Trop souvent j’ai vu des soirées où l’une des personnes se sentait complètement libre de repartir avec un-e autre partenaire devant celle ou celui de la dernière fois sans se soucier de ses émotions. Ce n’est pas vrai qu’un « one night » ne signifie nécessairement rien. Ce n’est pas vrai que parce qu’on décide d’être en relation ouverte on n’a pas le droit de vivre de la jalousie, d’être blessé.e ou déçu.e. Quand on décide de vivre des relations ouvertes, il faut déconstruire la monogamie et tous les mauvais sentiments qui vont avec. Ça ne se fait pas en criant « polyamour »… Ça prend parfois bien du temps et souvent le mieux c’est d’en parler directement avec la personne qui nous fait vivre toute cette gamme d’émotions, parce que tes ami-e-s peuvent te légitimer et te comprendre, mais ça ne laisse au partenaire aucune idée réelle de la relation.

Parfois, les relations polyamoureuses me rendent profondément malaisée. Pour ma part, il m’est arrivé de rentrer chez moi avec un partenaire et de consentir à une relation sexuelle ou à certaines pratiques sexuelles alors que je n’en avais pas envie. L’idée est simple; je me sentais en compétition avec ses autres partenaires. J’avais l’impression, légitime ou pas, que j’allais être punie si je refusais et que la prochaine fois, ce ne serait pas avec moi qu’il passerait la nuit. Les relations ouvertes font pression sur mon consentement, tout autant que l’alcool peut me faire céder. Dans ce genre de relation, ce n’est pas vrai non plus qu’une femme est nécessairement «l’idiote», la blessée ou la nunuche trop accrochée à l’autre.

Parce qu’il y a aussi ça qui m’énerve! Qu’on prenne pour acquis que les femmes qui commencent une relation avec un homme vont se faire mal parce qu’elles sont «évidemment» plus éprises que leur partenaire. La dernière relation que j’ai vécue, une personne est allée jusqu’à menacer physiquement mon partenaire s’il me faisait de la peine… et ce, sans que je n’aie jamais mentionné à personne si je m’étais attachée à lui. Hommes comme femmes ont pris pour acquis que j’allais être la blessée de l’histoire et surtout, que j’étais amoureuse. Des personnes se sont senties totalement à l’aise de me dire que j’étais dominée, manipulée et que j’allais me faire mal parce qu’il voyait une autre femme en même temps, alors que lui et moi en parlions souvent pour qu’on soit les deux à l’aise là-dedans. De plus, je voyais aussi d’autres personnes, mais semble-t-il que c’était quand même moi l’épaisse qui se faisait avoir.

Ce milieu dans lequel je baigne depuis quelques temps, je le trouve inconséquent et trop exigeant envers les femmes qui y sont. Ce que je veux dire, c’est qu’on s’attend d’elles qu’elles critiquent les normes tout autant qu’elles les performent. Faut être la parfaite féministe maintenant alors qu’avant fallait être la parfaite fille douce et gentille. Ma socialisation a été longue pour mener à la Barbie de 14 ans et la déconstruction de ça est interminable. Pire que ça, pour les femmes, il ne s’agit pas seulement de déconstruire toutes les normes, c’est qu’il faut apprendre à vivre sans. Quand toute ta vie on t’a indiqué comment te comporter avec les hommes, quoi aimer, quoi ne pas faire, comment modeler ton corps allant jusqu’à te dire comment éternuer… On peut-tu se le dire que c’est long à déconstruire et à effacer de son cerveau? J’ai simplement l’impression que je brise tous les construits de petite fille dans ma tête et que la seule chose qu’on attend de moi, c’est que je me gave de nouvelles normes. Depuis ma naissance, tout mon environnement s’est attardé à faire de moi la parfaite jeune femme douce, féminine et jolie. Maintenant, je déconstruis un à un ce que je peux. Mais autant toute jeune que maintenant, je n’ai pas l’impression que mon environnement cherche à ce que je sois bien et libre. Parce que ma socialisation ne comportait aucune boîte à outil pour ma confiance personnelle, je n’ai pas plus de solution miracle maintenant.

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Frigide Barjot chez PMO ?

Un texte trouvable dans le numéro 8 de la revue Timult sur les dérives réactionnaires de certains écologistes et militants anti-industriels.

Frigide Barjot chez PMO ?

Frigide Barjot, membre de PMO ?

Pièces et Main d’Œuvre, atelier de bricolage pour la construction d’un esprit critique à Grenoble, publie sur son site un article extrait de la revue L’écologiste. Cet article reprend les valeurs de Frigide Barjot et ses ami.es, en défendant « la nature de la filiation ». Est ce qu’avoir un discours critique sur la technologie permet de devenir pro-vie (comme les cathos intégristes) en restant politiquement correct ? Il semblerait que oui. Mais ne comptez pas sur notre silence.

Le principe de base de cet article est que la technologie est l’ennemie de la Nature. Par nature, l’auteur entend couple hétérosexuel, femme faite pour être mère, figure du père essentielle à la construction de l’enfant. Les technologies critiquées sont la Procréation Médicalement Assistée (PMA) et la Gestation Pour Autrui (GPA), comparées aux Organismes Génétiquement Modifiés (OGM). Le fait de les autoriser créerait un précédent gênant qui ferait de l’exception une règle. Vu qu’il serait possible de se passer de l’Autre pour enfanter, le monde sombrerait dans l’individualisme, Cet individualisme, selon l’auteur, s’appuierait sur la transformation du fait d’enfanter en un « droit » et en un « produit de consommation ».

La peur que la PMA et la GPA deviennent un marché est justifiée dans une société où les actes médicaux sont de moins en moins remboursés, les médecins payés à l’acte, bref dans un monde où de plus en plus de choses s’achètent. Enfanter comme ne pas enfanter est un droit, oui. Le droit des femmes à disposer de leur corps, droit pour lequel beaucoup de sont battues. Je ne pense pas que l’obtention de « droits » signifie que tout est acquis sur le terrain de la lutte. Et je crois même que l’absorption par la Loi d’un certain nombre d’avancées arrachées dans la rue ont été un moyen de les canaliser et de les vider de leur substance, de déposséder à nouveau des personnes, des libertés qu’elles avaient gagnées de vives luttes. Cependant, les moments de reconnaissance par la Loi de besoins spécifiques, de libertés à disposer de soi-même, et donc de droits, ont été dans l’histoire des luttes des paliers importants.

Pour cela, des techniques comme la contraception, ou l’avortement, sont des avancées et non des « hérésies contre-nature ». Pour cela, il s’agit de se battre encore, pour que ces acquis au sein de l’institution médicale, soient au service des personnes, de la réappropriation de leur propre corps, et non l’occasion d’exercer un nouveau contrôle sur elles. Ce n’est pas parce que la « nature » permet aux femmes d’avoir 14 enfants d’affilée et de passer 16 années dans les couches et le vomi qu’elles sont obligées de l’accepter comme un cadeau de la « nature ». Ce n’est pas une « haine de la nature » qui motive la légalisation de la PMA et de la GPA, mais une colère contre l’injustice sociale. L’argument naturel sert à justifier un ordre des choses répugnant, où les femmes seraient inférieures aux hommes, les hétérosexuels supérieurs aux autres. Il fût un temps où la nature voulait que l’homme blanc instruise les colons sauvages et bronzés. Il est encore de dangereux personnages prêts à affirmer que l’homme a des besoins sexuels naturels qui lui donnent le droit de violer. Ce que vous appelez nature, on l’appelle la norme, et celle ci est heureusement changeante.

Quand la technologie est au service de l’humain, elle peut être acceptable, voire bénéfique. J’aurai du mal à tenir un argumentaire solide sur la technique mais Diana Turelle et Gaby Olaugy ont heureusement fait une belle partie du travail que PMO a visiblement abandonné. Un petit coup d’essai, quand même : lorsque les luddites ont pris leurs marteaux pour détruire les métiers à tisser dans l’Angleterre industrielle, ils détruisaient une technologie qui ne servait pas l’humain. En tous cas, pas la majorité des humains. L’industrialisation a détruit l’organisation sociale des ouvriers et les a déshumanisé en les privant de savoir-faire et de « métiers », pour les transformer en simple rouage de la chaîne de production, pour les profits des patrons. Le développement des techniques et technologies devrait être mené dans un but d’utilité sociale et non de profit capitaliste et/ou politicien. Qui est aliéné par la PMA et la GPA ? Le couple hétérosexuel reproductible qui ainsi, perd son privilège d’être le seul à pouvoir enfanter « naturellement » ? Pauvres chats. On vous plaindra quand on aura le temps, parce que vous n’avez à perdre qu’un privilège dérisoire, et que ça ne changera rien à votre vie. Vos enfants iront peut être à l’école avec des enfants de déviant.es, et peut être même deviendront eux et elles mêmes déviants. Grande nouvelle, vos enfants peuvent déjà devenir homosexuels ou célibataires sans la PMA, sans la GPA. La différence est qu’une goutte d’avancée sociale leur permettra de moins culpabiliser.

La technologie se doit de servir les humains. Nous pourrions être d’accord si vous n’aviez pas une vision aussi réductrice de l’humain, de l’enfant et de la parentalité. Pour vous, l’humain finit en famille autour d’un couple hétérosexuel heureux et épanoui. C’est peut être vôtre réalité, mais ce n’est pas celle de tout le monde. La nature voudrait qu’un enfant connaisse son père ? Parfois la nature fait mourir ce père bien trop tôt pour que l’enfant le connaisse. Vous vous insurgez contre l’anonymat des donneurs de spermes ou l’accouchement sous X ? Mais savez vous qu’il arrive que des pères fuient une femme enceinte et décident d’eux mêmes (naturellement ?) de devenir anonyme ? Vous vous révoltez contre la polygamie et la co-parentalité ? Le mariage est une institution qui permet aux parties d’être équitablement responsable d’un enfant. Le parrainage ou marrainage ne permet que d’être responsable secondaire. Le mariage et l’adoption ont cette limite que seulement deux personnes sont responsables d’un enfant. Ce n’est pas toujours le cas. Le rôle d’autres personnes, membre de la famille ou pas, est parfois essentiel dans l’éducation d’un enfant.

Ce n’est pas à la Loi de décider de cette importance mais bien aux individus concernés. Être parent n’est pas qu’un acte biologique, un simple croisement de gênes. Combien d’enfants ont été envoyés en foyer parce que leurs parents biologiques ne pouvaient pas s’en occuper alors qu’ils avaient une grand-mère, un tonton de sang ou de cœur, prêt à les accueillir ? Vous qui défendez l’humain, comment pouvez-vous tirer à boulets rouges sur ses limites ? Avec l’exemple de cet homme élevé par deux femmes, dont une « avait un problème à régler avec les hommes », que voulez-vous dire ? Qu’aucune mère issue d’un couple hétérosexuel n’a de « problèmes avec les hommes » ou avec sa propre mère ? Chaque parent a à gérer son histoire, son passé, ses problèmes, et fait ce qu’il peut avec. Il y a peu d’enfant à qui il ne manque pas de « brique dans sa construction ». Pour l’un ce sera un père, pour l’autre la confiance en soi. Je peux aller dans le glauque commun en vous demandant quel père incestueux envers sa fille n’a pas de problème avec les femmes ? Mais tant que l’on reste dans le cadre hétérosexuel, pour vous tout va bien. Seul.es sont puni.es les célibataires et les couples homosexuels. Vous délimitez l’acceptable par rapport à une nature subjective, et idéalisée.

Un père et une mère ayant un rapport sexuel pour enfanter ne font pas une famille parfaite, parce qu’il n’y a pas de famille parfaite, pas de parent parfait, pas d’humain parfait ou normal. Le désir d’enfanter ou de ne pas enfanter est aussi respectable, d’où qu’il vienne. Et si la technologie peut aider à le rendre possible, soit, elle est au service de quelque chose d’humain. Qui sommes-nous pour juger et présupposer de quelle brique manquera l’enfant ? Vous le faites, au nom de la science et de la nature, ce qui fait de vous une sorte de dieu moralisateur, scientiste et réactionnaire, fermé aux réalités sociales que vous ne pouvez pas voir de vôtre bureau.

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